Histoire de l'église du Perray

Au moment de son érection en paroisse en 1242, Le Perray voyait sa population augmenter régulièrement au fur et à mesure du déboisage de la forêt d'Yveline en bordure de la route pavée de Paris à Chartres. Un lieu de culte devait exister antérieurement à la construction de l'église actuelle puisque en 1238, le cartulaire de l'abbaye des Vaux de Cernay indique : "un certain moine du nom de Thibaud (Theobaldus) était recteur de l'église du Perray". Des arguments convaincants permettent d'avancer l'hypothèse qu'il s'agit de Saint Thibaud connu pour son extrême humilité. En 1239, Aubry, évêque de Chartres, décide de créer une paroisse au Perray. Trois ans plus tard, l'église aura été construite, vraisemblablement par les villageois, avec la pierre caillasse extraite du sous-sol du lieu et du grès de la région. D'architecture simple, elle rappelle une forme de grange avec une nef centrale et, latéralement, une chapelle. Les fenêtres de style dit roman sont en plein cintre, sauf celle donnant sur la grande route, de style ogival, qui pourrait provenir d'un agrandissement de l'église au siècle suivant. L'église, dans ses dimensions actuelles, mesure 27 mètres de long, 8 mètres de large. Le clocher en forme de tour carrée s'élève à 20 mètres. L'an 1242, le vendredi 7 novembre, après la fête Toussaint, Aubry Le Cornu la consacre, la plaçant sous le vocable :

  • de Saint Éloi, saint populaire, orfèvre, puis ministre des finances, du roi Dagobert, enfin évêque de Noyon
  • de Saint Sébastien, jeune officier romain, mort martyr chrétien, percé de flèches.
L'église Saint Éloi, au cours de ses 760 années d'existence, a connu bien des vicissitudes. Profanée par les blasphèmes de la déesse Raison, un décret de la Convention la ferme au culte le 24 novembre 1793. Laissée à l'abandon, saccagée, les couvertures de tuile, ravagées par les intempéries, prennent l'eau. La détermination du maire Jean-Baptiste Bunel "la sauve de l'irréparable" en 1805. Les moyens manqueront pour entreprendre des travaux d'envergure. En 1845, la voûte se délabre ; les bois entièrement pourris seront remplacés par un plafond en plâtre. La translation du cimetière au "champtier" du Moulin en 1854 permettra d'assainir les fondations. En 1865, l'état de la toiture alarme le Conseil municipal : le pignon oriental, miné par la pluie, menace de s'écrouler. Il faudra attendre 1959 pour que, sous l'impulsion du maire Xavier Barbé, on procède à la réfection totale de la couverture en ardoises de l'église. Celle du clocher interviendra en 1969, à la suite d'un sinistre dû à la foudre.
D'une hauteur de 20 mètres, surélevé temporairement de dix mètres pour devenir un observatoire destiné aux ingénieurs chargés de la confection de la carte de France, remis dans son état primitif en 1838, le clocher abritait deux cloches jusqu'à la Révolution.
Mais hélas, la République à peine née est en guerre. La Convention Nationale ordonne de descendre les cloches pour les fondre en canons.
Au Perray, l'aînée posée en 1548, la "plus ventrue" a la vie sauve. Sa sœur cadette n'échappe pas aux coups de masse. Le 10 octobre 1793, on pèse ses morceaux : 747 livres et son battant 24 livres.
Bientôt, la voix de la rescapée inspire de l'inquiétude. En 1810, "la cassure n'est pas dangereuse"…. Cinq années après, "d'un moment à l'autre, le morceau peut se détacher, et en tombant écraser les sonneurs".
Descendue et refondue, l'abbé Quinton, curé, baptise "Marie Adélaïde" le 23 mai 1819. Las, carillonnant avec une folle ardeur pour fêter des épousailles un certain jour de l'an 1853, "Marie Adélaïde" se fêle, réduite au silence. Pendant quatorze ans, le clocher restera muet.
Fondue derechef, bénie par le curé Joseph Contat, le 13 octobre 1867, sa marraine lui donne le nom de "Pauline".
Âgée aujourd'hui de 138 ans, "Pauline" a la voix claire d'une jeune fille.
Installé canoniquement curé de Saint Éloi le 26 septembre 1986, Robert Zédet ambitionne secrètement de doter d'un carillon le clocher de son église. En 1993, le prêtre s'ouvre de son projet au maire Jean Pellegeay, qui accepte de le soumettre au Conseil municipal. Une subvention communale et une souscription publique permettront de recueillir les fonds nécessaires pour couler deux cloches de 400 et 280 kgs.
Elles seront bénites le dimanche 19 juin 1994, en la fête patronale de Saint Éloi, coïncidant avec la première grande manifestation du jumelage "Le Perray Bellheim" récemment institué.
"Susanne" aura pour marraine une jeune femme allemande de Bellheim et "Claire" une adolescente française du Perray en Yvelines.
Depuis lors, "Pauline", "Susanne", "Claire", sœurs campanaires, carillonnent en sol, la, si les heures de notre cité.

 Alphonse Marest, maire honoraire du Perray
12 avril 2003